manute bol
En bref...
Nationalité : Soudanais
Taille : 2.32
Né le : 16/10/1963
Poste : SG/SF
College : Bridgeport '85
Les statistiques
NCAA
saison équipe MJ min tirs % 3 pts LF Rb As St To Bs Pts
54-85 Bridgeport 31 - 303-496 59.5 - 59.5 13.5 1.4 0.3 1.9 7.1 22.5
Carrière pro
saison équipe MJ min tirs % 3 pts LF Rb As St To Bs Pts
85-86 Wash. Bullets 80 26 128-278 46.0 0-1 48.8 6.0 0.3 0.3 0.8 5.0 3.7
86-87 Wash. Bullets 82 19 103-231 44.6 0-1 67.2 4.4 0.1 0.3 0.7 3.7 3.1
87-88 Wash. Bullets 77 15 75-165 45.5 0-1 53.1 3.6 0.2 0.1 0.5 2.7 2.3
88-89 G.S. Warriors 80 22 127-344 36.9 20-91 60.6 5.8 0.3 0.1 1.0 4.3 3.9
89-90 G.S. Warriors 75 17.5 56-169 33.1 9-48 41.0 3.7 0.5 0.2 0.7 3.2 1.9
90-91 Phila. Sixers 82 19 64-164 39.6 1-14 58.5 4.3 0.2 0.2 0.8 3.0 1.9
91-92 Phila. Sixers 71 18 49-128 38.3 0-9 46.2 3.1 0.3 0.2 0.6 2.9 1.5
92-93 Phila. Sixers 58 15 52-127 40.9 10-32 63.2 3.3 0.3 0.2 0.9 2.1 2.2
93-94 Miami Heat 14 8 4-19 21.1 0-3 - 1.3 0.1 0.1 0.4 1.1
94-95 G.S. Warriors 5 16 6-10 60.0 3-5 - 2.4 - - 0.2 1.8 3.0
Résumé d'une carrière
Que ce soit dans une prison africaine ou dans la gloire NBA, en passant par un ring de boxe ou les roues d'une voiture, Manute Bol est vraiment l'homme de tous les extrêmes. Il est là où on ne l'attend pas, un peu partout et nulle part, toujours à surprendre son monde. Cela en arrive à un tel point que des légendes l'entourent perpétuellement, comme celle où il aurait tué un lion, ou celle où lors de son premier dunk il se serait cogné les dents contre l'arceau… Tel est l'homme le plus grand qui ait jamais joué en NBA, celui que rien, mais vraiment rien, ne prédestinait à jouer au basket.
Venu au monde officiellement un 16 octobre 1962, il est plutôt prédestiné à prendre la suite de son père en temps que chef de tribu Dinka dans son pays, le Soudan. Il passe sa jeunesse à garder le bétail de la famille, et c'est à 15 ans que l'histoire raconte qu'il tue un lion à l'aide de sa lance. Par chance, son cousin découvre un jour plus avant le géant par une photo dans un journal, et lui conseille de s'essayer au basket où sa taille est un avantage conséquent. Les scouts s'intéressent d'ailleurs à lui même s'il ne pratique pas ce sport uniquement pour ses centimètres, et il est même choisi lors de la draft 1983 en 97e position par les San Diego Clippers, pick déclaré plus tard inelligible. A 22 ans, il n'a encore jamais touché un ballon de sa vie, mais là n'est pas le problème. Il saute dans un avion, direction l'université de Fairleigh Dickinson où il va apprendre le jeu. Il n'y joue même pas et part pour Cleveland State essayer de se faire une place. Là encore le succès n'est pas au rendez-vous, et après un scandale concernant son éligibilité, il se retrouve déjà dans une troisième université, Bridgeport.
Là encore ce n'est pas forcément facile pour lui, car le bonhomme ne parle pas un seul mot d'anglais ! Pourtant l'adaptation est rapide, car lors de sa seule saison il tourne à plus de 22 points de moyenne et 13.5 rebonds, malgré un peu plus de 7 balles perdues. Il fait l'attraction, et même si l'école est minuscule le gymnase est souvent bondé pour le voir jouer. S'il domine par la taille, les fondamentaux ne sont pas là et lui jouent quand même parfois des tours. Pour ne rien arranger, sa taille dérange un peu et il fait un peu office de phénomène de cirque. Pour exemple, lors d'une rencontre face à Central Connecticut State il plante tranquillement 30 pions, avec 10 prises et 10 contres. Il sort un peu avant la fin du match car son université est sur le chemin d'une victoire facile, pourtant son faciès exprime le mécontentement. Pourquoi ? Car comme trop souvent, les spectateurs présents hallucinent : "est il réel ? Est ce que je peux le toucher ?" Ils n'ont pas l'habitude de voir un tel spécimen, et ne se privent pas de le faire savoir…
A sa sortie en 1985, il a tout de même l'occasion de poursuivre dans cette voie. Il se fait engager en ligue mineure par les Gulls de Rhode Island, alors franchise de l'USBL. Il s'y fait remarquer par ses qualités défensives, en réalisant par deux fois 18 contres sur un seul match, ou encore en s'emparant de 28 prises sur un autre. Il tourne d'ailleurs avec les Gulls à 11.2 ballons détournés par rencontre !
Autant dire qu'avec ces performances de choix la NBA se met aussi sur les rangs. Pas question de laisser passer une telle tour de contrôle, aussi frustre soit elle en attaque. Ce sont les Bullets de Washington qui ont la joie de l'accueillir, en le choisissant en 31e position au second tour de la draft 1985. Mis à part sa capacité à détourner les tirs et à prendre les rebonds, il est franchement frêle pour jouer face aux pivots physiques qu'on lui oppose. Avec 85 kilos répartis en 2.30m, il ne peut véritablement s'imposer dans la raquette. En attaque, il n'a pas non plus les fondamentaux, les capacités techniques pour faire décoller ses maigres statistiques… Des blagues sont d'ailleurs plus tard créées à son sujet, histoire de le railler un peu. Une sympathique est, "Comment appelleriez vous Manute Bol avec un gros contrat ? Shawn Bradley".
Des dix ans qu'il passe en NBA, il ne parvient pas véritablement à se sédentariser. Il joue successivement pour Washington, Golden State, Philadelphie et Miami, avant de revenir terminer sa carrière avec les Warriors. Dès son année rookie il détourne pas moins de 397 ballons, soit quasiment 5 contres par match, moyenne tout simplement hallucinante pour un débutant. C'est la seule donnée qui va vraiment rester de son passage dans la ligue. S'il maintient ces chiffres les saisons qui suivent, il n'atteint de l'autre coté jamais le pourcentage d'adresse que sa taille devrait lui permettre. Certaines années il n'est même pas à 40% de réussite ! Peu à peu son temps de jeu diminue, et son influence aussi…
En plus du basket il s'essaie aussi au business. Il monte ainsi un night club dans la banlieue de Washington, qui malheureusement périclite et finit par fermer. Il n'oublie cependant pas ses origines, et le drame qui se joue dans son pays. Depuis 18 ans, une guerre civile fait rage au Soudan, opposant le nord dirigé par le gouvernement islamique fondamentaliste, et le sud contrôlé par des rebelles essentiellement chrétiens et animistes. Les atrocités s'y succèdent, et l'on estime à au moins deux millions de morts le tribu à payer dans cette horreur. Les compagnons de Bol sont du coté des rebelles, et le joueur estime avoir passé 3.5 millions de dollars pour les soutenir. Il a à ce sujet créé une association, afin de leur venir en aide. Il est vrai qu'en plus des massacres, 4 millions ont du s'exiler, ou encore devenir esclaves des musulmans et voir leur village brûlé.
Lorsqu'il quitte la NBA en 1995, il décide d'essayer de prolonger un petit peu sa carrière en allant jouer en Italie et au Qatar. Malheureusement il se blesse au genou, mettant fin à sa vie sur les parquets. Il prend alors la terrible décision de retourner près des siens. Terrible, car le gouvernement veut profiter de sa notoriété pour parvenir à ses fins. Manute pense aller là bas afin d'aider aux négociations d'un traité de paix, il lui est même promis un job et certains privilèges s'il revient. Ce qu'il ne sait pas, c'est que le prix qui va lui être demandé sera sa conversion à l'islam ! Bien entendu l'accord attendu ne se matérialise jamais, et lorsqu'il souhaite retourner aux Etats Unis il est coincé dans son pays après que le gouvernement lui ait confisqué ses papiers à cause de son refus… En bref il est coincé, prisonnier en son pays, en proie à une douloureuse arthrite.
Il arrive finalement à quitter le Soudan pour aller en Egypte, au Caire, mais ne parvient pas pour autant tout de suite à rallier le nouveau monde. Ce n'est pas tant lui qui pose problème, il est déjà connu aux Etats Unis, mais sa demi-sÅur qu'il élève depuis la mort de sa mère il y a trois ans. Il met en tout cinq années à résoudre ces problèmes de visa, et peut enfin retrouver son pays d'adoption.
Là il continue à rassembler des fonds afin d'essayer d'aider les siens, et aussi de vivre tout simplement car il se retrouve souvent sans le sou. N'ayant plus vraiment d'entrées dans le basket, il diversifie alors ses actions, le confinant malheureusement parfois au ridicule. On le voit ainsi s'engager pour le Indianapolis Ice, une franchise de la CHL, une ligue mineure. Heureusement qu'il ne foule jamais la glace, car même s'ils lui font des patins sur mesure vu que peu de hockeyeurs chaussent du 53, il n'a auparavant jamais chaussé de patins de sa vie ! On le retrouve aussi sur le dos d'un cheval, devenant le plus grand jockey de l'histoire. Pour 35 000 dollars il a aussi testé la boxe. Dans le cadre d'une émission de télé sur la Fox, il affronte William "The refrigerator" Perry, un ancien joueur des Bears de Chicago en foot américain.
Il joue aussi sur d'autres tableaux. Il profite de chaque occasion pour plaider la cause de son pays et de tous ses opprimés. Il est à ce sujet accueilli au congrès américain pour y prononcer un discours. C'est aussi en partie grâce à lui qu'un accord est enfin trouvé en juillet 2002, mettant fin aux hostilités au Soudan. La partie sud du pays est désormais autonome, et à l'issue d'une période de six ans, un référendum sera organisé afin de décider de son éventuelle indépendance. A force d'obstination, il est peut être enfin arrivé à ses fins…
Mais le destin ne laisse jamais tranquille Manute Bol. Alors qu'il fait un petit peu moins l'actualité, le voilà qui resurgit au travers d'un grave accident de voiture dont il est victime le 30 juin 2004. On le pense un moment perdu, mais au bout de quelques jours son état s'améliore et il commence de nouveau à pouvoir s'asseoir. Afin d'aider à leur façon à son rétablissement, les Warriors organisent un camp les 19 et 20 novembre pour récolter des fonds. Mitch Richmond, Tim Hardaway et Chris Mullin devraient être de la partie.